mercredi 28 janvier 2009

Le 29 janvier : dans la rue !



« Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée n'a point de constitution » (Article 16 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen)


Inspirés par Locke et Montesquieu, les révolutionnaires de 1789 ont inscrit au coeur de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen le principe de séparation des pouvoirs. Cette notion a été pensée comme une limitation du pouvoir absolu. « C'est une expérience que tout Homme qui a du pouvoir est porter à en abuser; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites » (Montesquieu - De l'Esprit des lois, Livre XI, 1748).


Cependant, la conception classique de séparation des pouvoirs (exécutifs, législatifs et judiciaires) n’est plus aujourd’hui adaptée à la réalité politique. « Une constitution c’est un esprit, des institutions et une pratique » disait De Gaulle. Aujourd’hui l’esprit, les institutions et la pratique de la Vème République sont tels que la séparation entre les pouvoirs n’est plus que totalement fictive. Plus que jamais depuis 1958, le Président de la République concentre la totalité du pouvoir exécutif, du pouvoir législatif et de l'autorité jurifictionnelle. Pire ! Nicolas Sarkozy refuse aujourd’hui de respecter les seules limites qui pèsent encore sur lui : le cadre juridique de la constitution.


La motion de censure proposée hier par l’opposition et rejetée ressemble beaucoup à une mascarade de démocratie tant on sait bien que le pouvoir n’est ni au gouvernement ni encore moins au parlement mais bien à l’Elysée. La France est la seule démocratie au monde dans laquelle un homme concentre l’ensemble des pouvoirs et ne rends de comptes devant personne : ni devant le parlement, ni devant les citoyens. Son temps de parole n’est même pas décompté dans les médias. Est-ce ça notre conception de la démocratie ?


Depuis presque deux ans les réformes s’enchaînent à un rythme extrêmement soutenu. Pas une semaine ne se passe sans qu’une réforme de grande importance soit décidée par l’Elysée, soit annoncée ou menée à terme. Pas une semaine ne se passe sans qu’il ne soit porté atteinte à la démocratie, à nos valeurs républicaines et sociales. Nicolas Sarkozy s’attaque à toutes les activités et toutes les catégories de population de notre pays. L’air du temps est lourd et l’opposition pris au dépourvu peine à s’organiser à se fédérer… A un tel point que l’omni président pouvait déclarer cet été : « aujourd’hui quand il y a une grève en France, personne ne s’en rend compte. »


Ceci est il irrémédiable ? Non et peut-être sommes nous, aujourd’hui, à un tournant dans le quinquennat Sarkozy. Quelques signes sensibles montrent que la donne n’est pas loin de s’inverser. L’opposition est plus constructive dans ces attaques à un tel point que le ministre du budget en pleine crise se sent obligé de répondre au contre plan de relance proposé par les socialistes. A un tel point que la fronde des députés de l’opposition divise la majorité.


Dans ces conditions, la mobilisation du 29 janvier s’annonce comme un véritable test pour nous. En effet, l’intérêt de cette manifestation est que son mot d’ordre est général. Elle est soutenue par l’ensemble des syndicats et des partis de gauche. Ce n’est pas seulement une réforme qui est contesté mais l’ensemble de la politique de Sarkozy.


Aujourd’hui, dans l’état actuel de notre démocratie, le contre-pouvoir c’est nous !


S’opposer c’est clairement rejeter le démantèlement du service public et proposer un service public de qualité qui substitue à une logique de procédure une logique de responsabilité.


S’opposer c’est refuser la suppression des services publics locaux et proposer de partir d’un diagnostic économique commun des collectivités et de l’Etat afin de créer un service public qui répondent aux besoins de tous.


S’opposer c’est ne pas accepter la déréglementation du droit du travail parce qu’il protège les salariés des abus économiques.


S’opposer c’est surtout, face à cette crise, proposer un projet de société qui replace le citoyen au cœur du système. C’est croire en l’homme plutôt qu’en l’économie. C’est opposer des démarches humaines à la loi du marché.


S’opposer c’est développer sa conscience sociale.


Face à des pouvoirs institutionnels muselés, le 29 janvier, c’est le pouvoir de la rue que nous nous ferons entendre !

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